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Ligue Communiste des Travailleurs

Section belge de la Ligue Internationale des Travailleurs -
Quatrième Internationale (LIT-QI)

« L'émancipation des travailleurs sera l'œuvre des travailleurs eux-mêmes. » K. Marx

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24 avril 2015

Libération immédiate des militants congolais !

Ces 15 et 16 mars, la plate-forme congolaise Filimbi organisait des débats suivis d’un concert, pour célébrer son lancement. Ce mouvement de lutte pour plus de démocratie [1] avait invité des représentants de mouvements de jeunes du Burkina Faso et du Sénégal qui ont joué un grand rôle dans la lutte contre leurs gouvernements respectifs corrompus qui voulaient se maintenir au pouvoir.


   Le régime de Kabila, qui cherche à se maintenir au pouvoir au-delà de son mandat en 2016, ne pouvait supporter ce rassemblement, et il a envoyé la police et l’Agence Nationale de Sécurité (ANR), qui ont arrêté des militants d’organisations de jeunesse et de Lucha (Lutte pour le Changement – un mouvement citoyen), des journalistes et des techniciens, et qui ont expulsé les représentants des mouvements burkinais et sénégalais. Une mobilisation de Lucha pour la libération des militants arrêtés avait également été l’occasion d’arrestations brutales pour cause de « préparation d'actes de violence », alors que les militants distribuaient pacifiquement des tracts. Après la libération de certains d’entre eux, Lucha dénonce le fait que ceux-ci ont « subi la torture et le chantage par les agents de l'ANR ». [2] Toutes ces arrestations sont totalement arbitraires et ont lieu sans aucune inculpation, pour emmener les prisonniers dans des lieux de détention tenus secrets.
   En Belgique, le 31 mars, un sit-in a été organisé par le CNCD-11.11.11 et Amnesty International, ainsi que par des collectifs congolais, pour exiger la libération de ces militants.
   C’est dans ce contexte qu’une fosse commune a été découverte, début avril, près de Kinshasa. Le gouvernement parle de corps venant d’un hôpital, mais l’opposition dénonce les escadrons de la mort du régime de Kabila. Un sit-in a d’ailleurs eu lieu devant l’ambassade de la RDC le 9 avril pour demander l'enterrement des corps découverts et la traduction de Kabila devant la Cour pénale internationale.
   Ce qui est sûr, c’est que le régime de Kabila s’appuie sur ses institutions répressives et qu'il ne tolère aucune contestation. En janvier dernier, il avait voulu faire passer une modification de la Constitution et une manifestation avait alors encerclé le parlement. Une violente répression dispersa la manifestation et des émeutes se déclarèrent dans certaines villes, avec de nombreux commissariats incendiés et de nombreuses manifestations. La réaction du régime fut de couper toutes les communications GSM et internet et d’envoyer sa police et ses services de sécurité. Plus de 40 personnes ont été assassinées durant ces jours de violence, et on ne connaît pas précisément le nombre d’arrestations résultantes des rafles effectuées sur les campus universitaires.
   Le ministre belge des Affaires étrangères, l’Europe et les Etats-Unis peuvent bien demander une enquête indépendante sur la découverte de la fosse commune ou s’inquiéter de la détention arbitraire de militants ; cela ne fait que démontrer leur profonde hypocrisie : comme s’ils se souciaient des Droits de l’Homme ! Leurs déclarations ne nous feront pas oublier le soutien scandaleux que la Belgique et l’Union européenne apportent au régime de Kabila ! Ils soutiennent en effet un régime dictatorial, notamment en aidant à former sa police et son armée, ceux-là mêmes qui répriment le peuple congolais. La Belgique n’a pas intérêt à faire pression sur Kabila, car de nombreuses entreprises belges profitent du pillage des minerais organisés par les multinationales étasuniennes et européennes. Au contraire, la position de la Belgique, de l’Europe et des Etats-Unis est claire : aider le régime à museler toute opposition, afin de « stabiliser » le pays et de continuer à extraire les précieux minerais de son sous-sol. C’est d’ailleurs pour cela que l’Union européenne refuse un mécanisme contraignant de traçabilité des minerais.
   En Belgique, nous appelons tous les militants soucieux des droits démocratiques à organiser des manifestations pour exiger :

Libération immédiate de tous les militants arrêtés le 16 mars
et de tous les prisonniers politiques !
Jugement et châtiments des responsables de la répression de janvier !
Retrait des troupes étrangères de la RDC !
Le Congo au Congolais, pas aux multinationales !

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[1] http://filimbi.org
[2] Jeune Afrique, 18.03.2015