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Ligue Communiste des Travailleurs

Section belge de la Ligue Internationale des Travailleurs -
Quatrième Internationale (LIT-QI)

« L'émancipation des travailleurs sera l'œuvre des travailleurs eux-mêmes. » K. Marx

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1er mai 2016

Descendons dans la rue !
Dilma, dégage ; Temer, dégage ; dégagez tous !

Luiz Inácio Lula da Silva, un ancien dirigeant métallo, co-fondateur du Parti des Travailleurs (PT), en opposition alors à la bureaucratie syndicale de la CUT, a été élu Président du Brésil en 2002, créant de grandes espérances dans la population. Il n'a toutefois pas manqué de mettre sa popularité au service des intérêts impérialistes dans la région, en particulier ceux de la compagnie pétrolière Petrobras, et il a fini par être impliqué, lui aussi, dans les scandales de corruption dévoilés dans l'enquête « Lava Jato » (lavage au Kärcher). Empêché de briguer un troisième mandat en 2010, il a alors promu sa dauphine, Dilma Rousseff, une ancienne guérilléra sous la dictature des années 1960, qui, réélue en 2014, est elle aussi impliquée maintenant dans les scandales de corruption.
   Pendant des années, le PT pouvait concéder des améliorations importantes aux travailleurs, sur base d'une industrie naissante et de généreuses exportations de matières premières au profit des multinationales. Mais la crise est finalement aussi passée par là et des mesures d'austérité ont été exigées et servilement appliquées, générant ainsi une croissante opposition populaire au gouvernement du PT en coalition avec le Parti du Mouvement Démocratique Brésilien (PMDB), un parti néo-libéral, dont est issu le vice-président Michel Temer. Des mobilisations de millions de travailleurs ont montré, pour un secteur important de la bourgeoisie et de l'impérialisme, que Dilma et ses acolytes n'étaient plus en mesure de « contrôler » de manière efficace la population pour imposer les mesures d'austérité toujours plus strictes. Un processus d'impeachment, de déclaration d'inaptitude pour gouverner, a finalement été mis en route, qui permet d'écarter Dilma au profit de l'entrée en fonction du vice-président Tremer jusqu'aux élections présidentielles de 2018.
   Nous reproduisons ici un article du PSTU, la section brésilienne de la LIT-QI, publié dans Opinião Socialista d’avril 2016.

   La classe ouvrière et la majorité des gens veulent que Dilma s'en aille, mais ils ne veulent pas que Temer, Cunha ou tout autre bandit de ce Congrès gouverne.
   La volonté de la classe ouvrière et de la majorité de la population ne se manifeste pas au Congrès : ni dans le bloc qui prône « Dilma, restez ! », ni dans celui qui défend l'impeachment et le « gouvernement Temer ».
   Ni l'un ni l'autre bloc ne représentent le changement que la classe ouvrière, les jeunes et les pauvres exigent.
   Le mélange de comédie et de filme d'horreur que fut le vote concernant l'impeachment montre bien dans quelle mesure le gouvernement et les députés vivent loin des intérêts de la classe ouvrière et de la majorité des gens pauvres de notre pays, que ce soit ceux qui ont voté en faveur ou ceux qui ont voté contre l'impeachment.
   Alors que la grande majorité des gens veulent que le gouvernement des banquiers dégage immédiatement, le PT, le PCdoB, le PSOL étaient là pour voter  « Dilma, restez ! » A eux se sont joints ceux qui ont été achetés par le gouvernement et par Lula et qui ont livré ce qu'ils avaient vendu : le vote contre l'impeachment. Bien sûr, il y en a aussi qui n'on pas livré la marchandise. Le lendemain, Lula et Dilma se sentaient tristes à cause des trahisons, déçus des alliés de la clique du tiers des 521 députés genre Maluf ou Tiririca et d'autres clowns en manque d'inspiration de ce cirque des horreurs.
   D'autre part, la grande majorité, dirigés par le malfrat Eduardo Cunha, a voté pour l'impeachment. En vain ils ont utilisé le nom de Dieu et ils ont parlé de la famille, à tel point qu'un humoriste se demandait si Dieu ferait l'une ou l'autre délation appréciée concernant le scandale de Lava Jato.
   La majorité ressent un mélange de victoire avec un goût amer. Heureux de se débarrasser de Dilma, mais triste et indignés à cause de la possibilité de son remplacement par Temer.
   Nous avons toujours dit que l'impeachment n'était pas la solution, parce que c'est comme échanger six monnaies contre une demi douzaine. Nous défendons qu'il faut tous les jeter dehors : Dilma, Temer, Cunha, Aetius et ce Congrès. C'est cela la nécessité et la volonté de la majorité.
   Ceux d'en haut, les banquiers, les patrons, les grandes entreprises, la FIESP et consort veulent résoudre la crise du gouvernement pour nous attaquer davantage et augmenter leurs bénéfices. Ils se divisent donc en deux blocs : celui du gouvernement et celui du « impeachment-Temer ». Mais la crise est telle qu'ils sont eux-mêmes sceptiques quant à la force d'un gouvernement Temer ou d'un gouvernement Dilma dans le cas où ce dernier empêche un impeachment au Sénat, ce qui est très peu probable.
   La classe ouvrière n'est intéressée par aucun de ces blocs. Ni le maintien de Dilma et de son plan économique, ni l'entrée en fonction de Temer pour nous attaquer, avec ce Congrès corrompu, de la même façon que le faisait le gouvernement de Dilma.
   Nous avons besoin d'un gouvernement socialiste des travailleurs, sans corrompus et sans patrons, soutenu par notre mobilisation dans des comités de lutte et des conseils populaires constitués dans les quartiers, les écoles et les usines.
   Si nous ne les avons pas encore, nous devons exiger au moins des élections générales, maintenant, pour tous : président, députés, sénateurs, gouverneurs. Des élections avec de nouvelles règles, où ne peuvent pas se présenter ceux qui sont sur la liste de Lava Jato, sans financement par des entreprises, avec un temps d'accès à la télévision égal pour tous les partis, avec la garantie qu'un député gagne le même salaire qu'un enseignant ou un ouvrier.
   Nous n'avons aucune raison d'accepter, et encore moins de défendre, que Dilma reste jusqu'en 2018, comme suggéré par le PT, le PCdoB et aussi le PSOL. Si le peuple a élu et a été trahi, il doit avoir le droit de jeter. Nous ne pouvons pas non plus accepter qu'entre en fonction le député Michel Temer, du PMDB, qui a été élu avec Dilma, en faisant les mêmes promesses qu'il a trahies le lendemain de l'élection. Il est impliqué dans la corruption jusqu'à l'os et il n'a pas de soutien populaire et ne nous représente pas.
   Nous ne pouvons pas laisser ce jeu continuer à se jouer dans le Congrès et entre ces deux blocs, qui se battent beaucoup pour le pouvoir, mais défendent les mêmes intérêts.

Participons tous dans la rue dans le bloc pour le « Dégagez tous ! »

Nous devons continuer à inviter la CUT, le MTST et d'autres mouvements qui continuent à défendre « Dilma, restez » à rejoindre l'appel de la CSP-Conlutas. Nous allons construire une grève générale qui exige des élections générales maintenant, ainsi que « Dilma, Temer, Cunha et ce Congrès : dégagent », comme le veut la majorité des travailleurs et des gens, qui ont tout-à-fait raison dans leur colère.
   Le 1er Mai, les partisans de « Dilma, restez ! » vont descendre à nouveau dans la rue, tout comme les partisans du « impeachment et entrée en fonction de Temer ».
   Nous allons participer – avec la CSP-Conlutas, avec l'Espace Unité d'Action, avec des centaines de syndicats, des mouvements populaires et de jeunes non liés au gouvernement et alternatifs à la bureaucratie syndicale, avec le PSTU, avec des secteurs du PSOL – pour construire une manifestation alternative à ces deux blocs.
   Le 1er Mai, nous allons mettre plusieurs milliers de gens sur l'avenue Paulista pour le « Dégagez tous ! ». Pour défendre une grève générale qui mette le Brésil à l'arrêt. Pour des élections générales, maintenant, avec de nouvelles règles.