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Ligue Communiste des Travailleurs

Section belge de la Ligue Internationale des Travailleurs -
Quatrième Internationale (LIT-QI)

« L'émancipation des travailleurs sera l'œuvre des travailleurs eux-mêmes. » K. Marx

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30 janvier 2016
Ligue internationale des Travailleurs - Quatrième Internationale

Martelly, dégage !
Hors d'Haïti, les troupes de la MINUSTAH !

La honteuse occupation militaire d'Haïti par les troupes de l'ONU (MINUSTAH) révèle une fois de plus sa nature. Le gouvernement d'extrême droite de Michael Martelly termine son mandat le 7 février, au milieu d'une énorme crise politique. La tentative de fraude lors des élections a provoqué une révolte populaire qui a empêché l'achèvement du second tour le 24 janvier, comme le voulait Martelly. Maintenant, à la fin du mandat et sans un successeur élu, le gouvernement manœuvre pour rester au pouvoir ou imposer un successeur.

Une histoire à ne pas oublier

L'impérialisme et la bourgeoisie latino-américaine font tout pour effacer l'histoire haïtienne de la mémoire des travailleurs et des jeunes. La première révolution d'esclaves de l'Histoire a eu lieu dans ce pays, et la seule victorieuse. Dans la première révolution anticoloniale en Amérique latine, en 1804, les armées de Noirs de Toussaint Louverture mettaient en échec les principales puissances coloniales de l'époque (l'Angleterre, l'Espagne et la France, y compris les troupes de Napoléon Bonaparte).
   L'impérialisme a tout fait pour que ce peuple paye durement cette audace, ce qui en fait le pays le plus pauvre du continent, isolé par des dictatures brutales et des occupations militaires étrangères.
   Il y a douze ans, des troupes américaines ont évincé le gouvernement d'Aristide, avec le soutien français. Et Lula a accepté la demande de Bush – alors président des Etats-Unis – d'envoyer des troupes en Haïti, commandant une mission militaire de l'Amérique latine pour faire le sale boulot au service de l'impérialisme yankee.

La misère haïtienne donne de gros profits pour les multinationales

Toute évaluation indépendante met à nu que la justification de cette honteuse occupation – « l'aide humanitaire » – ne tient pas debout. Le tremblement de terre qui a frappé le pays en 2010 a laissé un solde de plus de trois cent mille morts et un million et demi de sans-abri. Malgré les milliards de dollars envoyés dans le pays, il n'y a eu aucune réelle reconstruction. Les troupes de la MINUSTAH sont accusées par les gens de viols de femmes et d'adolescents. Il est établi que le choléra a été ramené dans le pays par des soldats du Népal.
   La pauvreté d’Haïti est aussi une source de profits pour les entreprises capitalistes. L'industrie textile, avec des entreprises comme Levis, GAP, Wrangler, produit pour le marché étasunien dans des zones franches en Haïti, géographiquement bien plus proches que les usines chinoises, avec des salaires mensuels de 70 dollars. Voilà le plan Clinton, appliqué à ce pays jusqu'à maintenant.
   L'occupation militaire de la MINUSTAH a en fait l'objectif d'assurer la mise en œuvre de ce plan et le maintien du pays sous le contrôle de l'impérialisme yankee.

Le gouvernement Martelly

Le pays est sous occupation militaire, et les élections en cours ne servent qu'à légitimer des gouvernements fantoches. Entre-temps, il s'agit quand même de postes qui permettent la gestion de fonds importants et qui sont convoités par des partis liés à des bandes de truands bourgeois.
   Avant Martelly, le pays avait comme président René Préval, qui a essayé de rester au pouvoir en imposant un successeur, Jude Célestin, moyennant une fraude électorale. Il y a eu une grande crise politique et des manifestations de rue, qui ont fini par donner lieu à l'annulation des résultats et la participation de Martelly – vaincu au premier tour en 2010 – au second tour des élections.
   Martelly était un chanteur traditionnel en Haïti, qui se présentait comme étant « contre tous les politiciens. » En fait, il était une figure de l'extrême droite dans le pays. Son gouvernement a ramené le régime Duvalier, y compris Baby Doc lui-même en tant que conseiller présidentiel. Les groupes paramilitaires, comme les Tontons-Macoutes, ont été relancés à partir du gouvernement, et la répression systématique dans les quartiers pauvres s'est généralisée.
   L'usure s'est approfondie et maintenant, en fin de mandat, Martelly a essayé de répéter l'histoire : imposer un successeur moyennant une nouvelle fraude électorale. Son candidat a remporté le premier tour des élections, mais le second placé, Jude Célestin, le même que celui les élections antérieures, a refusé de participer à la farce du second tour le 24 janvier dernier.

Une rébellion en cours

Une révolte populaire a occupé la rue à Port-au-Prince et a mis en échec la tentative de fraude. Le gouvernement a dû annuler les élections, laissant le pays dans un vide institutionnel. Les troupes de la MINUSTAH, ensemble avec la police locale, ont durement réprimé les protestations, mais n'ont pas réussi à stabiliser la situation.
   Batay Ouvriye et d'autres organisations de travailleurs et populaires dénoncent la violente répression contre les manifestations.
   Le gouvernement haïtien a lancé un appel à l'OEA pour envoyer une délégation afin d'assurer, de concert avec les partis bourgeois, une transition politique dans le pays. Martelly n'a pas abandonné l'idée d'imposer son successeur par la fraude, ou même, de rester au pouvoir.
   Il est difficile de savoir si le gouvernement et l'OEA parviendront à remettre le pays sur les rails avec de nouvelles élections et un nouveau gouvernement. Une énorme crise politique persiste dans le pays.
   Il n'y aura pas de liberté en Haïti aussi longtemps que les troupes étrangères ne quitteront pas le pays. Toute élection en présence de l'occupation sera illégitime. Nous exigeons des élections libres en Haïti, après le retrait des troupes. Nous rendons responsables de la répression du peuple de ce pays, les gouvernements latino-américains qui maintiennent des troupes en Haïti, en particulier le gouvernement brésilien.
   Nous appelons toutes les organisations syndicales et politiques des travailleurs latino-américains à faire preuve de solidarité, en soutien à la lutte du peuple haïtien pour son indépendance et pour le retrait des troupes de la MINUSTAH.

Martelly, dégage !
Hors d'Haïti, les troupes de la MINUSTAH !
Pour des élections libres, sans troupe d'occupation !