logo-IV-LCT.jpg

Ligue Communiste des Travailleurs

Section belge de la Ligue Internationale des Travailleurs -
Quatrième Internationale (LIT-QI)

« L'émancipation des travailleurs sera l'œuvre des travailleurs eux-mêmes. » K. Marx

Newsletter


Depuis la révélation du New York Times en 2019 et les images révélées des centres de détentions pour Ouïgours, plus personne ne peut ignorer qu’au Xinjiang, une province chinoise, la population ouïgours est brutalement et systématiquement réprimée. Contrôles, check-points, arrestations et déportations dans des camps de travail et d’endoctrinement, où les femmes sont stérilisées, voilà le quotidien de cette minorité de confession musulmane. Un véritable génocide des Ouïgours est en cours, mis en œuvre par la dictature du PC chinois. L’État capitaliste chinois prouve une nouvelle fois qu’il compte bien écraser toute contestation et tout désir d’indépendances de ces populations. Comme contribution au débat et à la dénonciation de ces crimes, nous reproduisons ici sur le thème un article datant de 2009, de notre organisation internationale, la LIT-QI..


 

 Un conflit ethnique en Chine fait des centaines de morts et démasque la « société harmonieuse ».

Le 5 juillet 2009, à Uruqim, capitale de l'État du Xinjiang, dans l'ouest de la Chine, environ 200 jeunes protestaient contre la mort de deux travailleurs originaires de leur État, dans le Guangdong, quand les forces anti-émeute de l'armée avaient dispersé la manifestation à l'aide de bombes à gaz et d'armes à feu. La situation s'est transformée en une rébellion qui a duré jusqu'au mardi suivant et a fait 184 morts et plus de mille blessés, selon le gouvernement chinois lui-même.


Cet événement ne serait pas très différent des autres rébellions qui ont eu lieu en Chine l'année dernière s'il ne s'était pas produit au Xinjiang, dont la population est composée d'une minorité ethnique musulmane turcophone, les Ouïgours, attaqués les jours suivants par la police et par les résidents chinois majoritaires de la capitale [les Han]. Il s'agirait du plus grand conflit ethnique de la région, dépassant celui des années 1990, ainsi que celui du Tibet en 2008.

 

Les racines du conflit

Les Ouïgours sont majoritaires dans l'État du Xinjiang (60 % en 2000), mais minoritaires dans la capitale de 2,3 millions d'habitants, où 70 % de la population est d'origine chinoise [Han]. Ces chiffres contrastent fortement avec le recensement de 1949, date de la révolution chinoise, où seuls 6 % des habitants étaient de l'ethnie Han.

La migration des Chinois de souche a été encouragée par le gouvernement, surtout après la restauration capitaliste du pays à la fin des années 1970. La région riche en pétrole a commencé à être occupée par des commerçants et des industriels venus d'autres régions du pays, et la culture ouïgour a été réprimée, avec des restrictions sur l'enseignement de leur langue et sur la pratique religieuse de l'islam.

Dans le même temps, l'économie du Xinjiang a connu un grand développement capitaliste au cours de la dernière décennie, et ses principales branches (pétrole, agriculture et construction civile) sont contrôlées par les Han, tandis que les Ouïghours se retrouvent avec les pires emplois, subissent des taux de chômage plus élevés, et vivent dans les pires quartiers. Uruqim est une ville complètement ségréguée, les quartiers ouïgours étant rarement visités par les Han. Selon Nicholas Bequelin, chercheur pour Human Rights Watch, « la relation entre les Ouïgours et les Hans est celle de colonisés et de colonisateurs ».

 

La cause immédiate : la crise économique

Ce n'est pas une coïncidence si ce conflit est survenu en pleine crise économique mondiale, qui frappe durement la Chine. Tout a commencé à Guangdong (une province située dans une autre région de la Chine), où un travailleur chinois licencié d'une usine de jouets, furieux du fait que 600 travailleurs de l'ethnie ouïghour gardaient leur emploi (sur un total d'environ 50 000), a signalé sur Internet que six d'entre eux avaient violé deux femmes han sur le lieu de travail.

Le 25 juin, le dortoir des migrants ouïgours fut envahi par d'autres ouvriers de l'usine armés de couteaux et de barres de fer. La bataille s'est terminée avec deux morts (selon les chiffres officiels) et 118 blessés. L'annonce de « seulement » deux morts à Guangdong a été démentie par des photos circulant sur Internet montrant plusieurs corps retirés du dortoir attaqué.

L'ironie est qu'alors que les travailleurs se battent physiquement pour leur emploi et leur salaire de 75 dollars par mois, le propriétaire de l'usine, Francis Choi, originaire de Hong Kong, est un multimillionnaire qui se vante d'avoir un manoir avec trente voitures de luxe dans le garage.

La rébellion d'Uruqim a accumulé la colère contre de décennies d'oppression du peuple ouïghour, contre l'augmentation des inégalités sociales résultant de la crise et contre les mensonges du gouvernement chinois. Lors de la manifestation d'Uruqim, les jeunes, généralement les plus touchés par la crise économique, ont exigé une véritable enquête sur les événements.

 

Le gouvernement chinois montre ses griffes

 

Les événements du Xinjiang ont eu des répercussions mondiales et ont montré le vrai visage de la « société harmonieuse » dont parlent tous les documents officiels du gouvernement et du Parti communiste chinois (PCC). Pour tenter de maintenir ce masque, le PCC a maintenant déclenché une propagande intense sur « le dur travail accompli par le comité régional du parti, les organes du Comité central du PCC et les institutions gouvernementales concernées, ainsi que par l'Armée de Libération du Peuple et la Police Militaire du Peuple sous la direction du PCC et du Conseil d'État » en faveur de la confiance multiethnique de la population du Xinjiang.

Mais cette propagande intervient en même temps que la véritable politique déclenchée contre les émeutiers, auxquels on promet déjà la peine de mort avant tout procès et l'accusation de terrorisme, étant « incités par des forces intérieures et extérieures hostiles ».

Selon Zhou Yongkang, membre du Bureau politique du PCC, le gouvernement devrait s'appuyer sur tous les groupes ethniques pour construire un « mur de fer » autour de la région afin de « sauvegarder les intérêts du peuple ». L'armée a déjà interprété ses propos, affirmant que les troupes resteront longtemps dans la région pour en garantir la stabilité.

Mais toutes ces menaces ne seront pas suffisantes pour empêcher la lutte des peuples opprimés et de la classe ouvrière de Chine contre l'exploitation capitaliste. La dictature du PCC ne tardera pas à s'en rendre compte.