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Ligue Communiste des Travailleurs

Section belge de la Ligue Internationale des Travailleurs -
Quatrième Internationale (LIT-QI)

« L'émancipation des travailleurs sera l'œuvre des travailleurs eux-mêmes. » K. Marx

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5 février 2016
Secrétariat International de la LIT-QI

L’encerclement criminel d’Alep et le piège mortel de Genève

L’armée de la dictature syrienne a lancé, avec la couverture aérienne Russe, une offensive pour reprendre la ville d’Alep, deuxième ville la plus importante du pays.
   Depuis 2012, Alep est divisée en « zones d’influences » entre les troupes d’el-Assad, les forces rebelles et, depuis un an et demi, les troupes de l’Etat Islamique (EI). Le combat entre ces différentes forces se fait pouce par pouce, maison par maison. Les troupes antidictatoriales doivent cependant lutter sur deux fronts : d’un côté contre l’axe Assad-Russie-Hezbola-Iran et, de l’autre, contre les hordes de l’EI.

   Ces derniers jours, des avions russes ont mené d’intenses bombardements afin de dégager le chemin aux troupes fidèles à el-Assad et aux miliciens du Hezbola. Les forces contre-révolutionnaires se sont emparées de la principale route qui relie la frontière Turque aux districts d’Alep, encore aux mains de l’opposition.
   L’avancée dictatoriale veut encercler Alep, de la même manière qu’elle a enfermé d’autres localités où des centaines de personnes sont mortes d’inanition. On estime qu’environ quatre millions de personnes se trouvent prisonnières de l’armée syrienne. Cette perspective, en plus des intenses bombardements, a entrainé la fuite massive de milliers de familles syriennes vers la frontière turque, ce qui approfondira certainement le dramatique problème des réfugiés.

La supercherie de Genève

L’avancée des troupes dictatoriales prend place alors que commençait une nouvelle farce diplomatique à Genève où, pour la troisième fois, l’ONU essaye de réunir des représentants d’el-Assad et des opposants afin de tenter de trouver une « issue négociée » à la guerre civile. Le plan de négociation est connu : il consiste, fondamentalement, à parvenir à un cessez-le-feu pour pouvoir ensuite régler la formation d’un « gouvernement d’unité nationale » et la convocation à des élections en 2017.
   Les impérialismes nord-américain et européen combinent les bombardements contre l’EI à la promotion de cette politique, mais sans même avancer, comme ils le faisaient auparavant, le départ d’al-Assad du pouvoir.
   Mais l’accord de Genève est une fois de plus mort avant même d’être né. Le régime syrien ne reconnait pas et taxe de « terroristes » les représentants de l’opposition ; représentants qui à leur tour avaient exclu un important secteur des milices qui combattent sur le terrain, ainsi que les kurdes de Rojava.
   Dans ce contexte, la dictature d’al-Assad, se sentant plus forte grâce à l’appui ouvert de la Russie, mise sur la résolution du conflit par la voie armée, en écrasant physiquement la révolution. el-Assad n'a pas reconnu Genève et a renforcé l’offensive militaire.
   L’offensive sur Alep a mené le « médiateur » de l’ONU, Staffan de Mistura, à suspendre les discussions à Genève jusqu’au 25 de ce mois.
   Il s’agit d’une démonstration de plus de la raison pour laquelle les milices rebelles arabes et kurdes ne doivent avoir aucune confiance dans aucun type de négociation avec le régime assassin d’el-Assad. On ne peut pas négocier avec celui qui a les mains tâchées du sang de presque 400.000 syriens !
   Nous soutenons qu’il n’existe pas d’issue « diplomatique » à la révolution syrienne. L’objectif de Genève est de maintenir l’essence du régime dictatorial et la structure socio-économique dépendante de l’impérialisme en Syrie. Indépendamment de la discussion sur le fait de savoir si al-Assad sera partie prenante de ce « processus de transition », et pour combien de temps, l’intention de l’impérialisme, avec l’accord de la Russie et de l’Iran, est de mettre en échec la révolution syrienne, de désarmer les milices et de « stabiliser » les piliers du régime que le peuple syrien combat depuis presque cinq ans.

La seule issue est la victoire de la révolution

Bien qu’elle doive lutter sur plusieurs fronts et affronter des ennemis supérieurs au point de vue militaire, la révolution syrienne continue. Les milices rebelles résistent avec ténacité à l’offensive. Elles le font comme elles le peuvent puisqu’elles manquent d’armes et de la technologie militaire nécessaire.
   La seule issue progressiste pour le peuple syrien et tout le Moyen-Orient passe par la défaite de la dictature syrienne et de ses alliés. Il s’agirait d’un « point de départ » essentiel.
   En ce sens, il est fondamental de rejeter tout type d’ ”issue négociée”, puisqu’aucun accord établi entre l’impérialisme et les gouvernements de Russie, d’Iran ou de Turquie ne peut être bénéfique pour les peuples syriens et kurdes. Aucun type de « transition politique » n’a, ni n’aura, comme objectif de répondre aux demandes démocratiques et économiques du peuple syrien.
   Nous devons de la même manière nous opposer tant aux bombardements russes qu’à ceux des Etats-Unis, de la France et du Royaume-Uni. Nous devons aussi nous opposer à l’envoi d’ « unités spéciales » nord-américaines en Syrie qui, selon Obama, serviront de « consultants » contre l’EI. Ni les « consultants », ni les bombardements de l’impérialisme n’ont un objectif « démocratique » ou « humanitaire » ; mais bien l’objectif colonialiste de maintenir et même d’amplifier le contrôle des ressources de Syrie.
   Hors de Syrie, il faut organiser une solidarité active et exiger à chacun de nos gouvernements non seulement une rupture des relations diplomatiques et commerciales avec la dictature d’el-Assad, mais aussi l’envoi inconditionnel d’armes lourdes, de médicaments et de tous types de ravitaillements pour les troupes rebelles. En Russie, il faut appeler le peuple à rejeter l’intervention de Poutine sur le sol syrien.
   La solidarité internationale avec la révolution syrienne est urgente. Un appui décidé des organisations ouvrières, sociales, démocratiques, et évidemment, des partis de gauche, pourrait peser dans la balance en faveur du peuple syrien. Il est nécessaire de convoquer à des manifestations devant les ambassades de Syrie, et à n’importe quelle mesure qui contribue à affaiblir la dictature d’el-Assad. Telle est la tâche immédiate.

Pour la défaite d’el-Assad, de la Russie, de l’Etat islamique et de l’impérialisme !
Non aux bombardements des Etats-Unis, de Russie, de France et du Royaume-Uni !
Non aux “unités spéciales” des Etats-Unis en Syrie !
Non au Pacte contre-révolutionnaire d’une “issue négociée” en Syrie !
Pour la victoire de la révolution syrienne !