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Ligue Communiste des Travailleurs

Section belge de la Ligue Internationale des Travailleurs -
Quatrième Internationale (LIT-QI)

« L'émancipation des travailleurs sera l'œuvre des travailleurs eux-mêmes. » K. Marx

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1 mai 2014

Votons contre l'austérité, défendons le programme anticapitaliste proposé par la FGTB-Charleroi !

Ces élections se développent dans un contexte de crise économique et d’application de mesures d’austérité à l’échelle européenne : licenciements importants dans le privé comme dans le secteur public, gel des salaires, réforme du chômage, durcissement des politiques migratoires, lois répressives, réforme de l’Etat, privatisations, etc.
   Lire aussi une Déclaration de la LIT et de ses partis en Europe concernant les élections européennes du 25 mai.

Cependant, la période de regain d’un mouvement des luttes qui a suivi la formation du gouvernement Di Rupo a été canalisée par la bureaucratie syndicale, notamment avec un plan de mobilisations stériles au printemps 2013. Il n’y a plus de mobilisation importante contre ces attaques de la bourgeoisie. Il existe aujourd’hui une atomisation de petites luttes qui ne se développent ni dans le temps ni au-delà d’une entreprise, et difficilement à l’échelle d’un secteur. La campagne électorale est une des raisons de cette accalmie, et il est clair que de nouvelles attaques structurelles suivront les élections.

En bref, des plans d’austérité ont été votés par ce gouvernement et ils vont continuer après les élections. Ces plans d’austérité ont pour but de faire payer la crise par les travailleurs et les populations les plus précaires, au grand bénéfice des banques et des grands patrons. Il nous faut, comme travailleurs, dire STOP aux mesures d’austérité. Il faut voter contre les partis de la coalition sortante, qui ont appliqué l’austérité contre les travailleurs, mais n’ont pas levé le petit doigt face aux banques, aux multinationales et au gros capital financier.
   
   Un autre élément est qu’après deux ans à la tête d’un gouvernement qui applique des mesures d’austérité, il existe certains éléments de crise au sein du PS. Il existe aussi quelques exemples de rupture d’une certaine base du PS, comme par exemple la FGTB-Charleroi. Dans ce cas, cela va plus loin que seulement un appel à rompre avec le PS.
Pour la première fois depuis bien longtemps, un secteur syndical rompt avec la social-démocratie et appelle à regrouper les forces de gauche dans un front, pour porter les revendications du monde syndical vers le politique. L’expérience est historique et à soutenir pleinement, car il s’agit d’une organisation de notre classe qui avance une orientation et un programme d’urgence anticapitaliste très correct, un programme qui met les partis de gauche face à leurs responsabilités et leurs éventuelles contradictions, et qui interpelle aussi l’ensemble des travailleurs par rapport à leur besoin de construire une alternative politique propre à notre classe.
   Finalement, un autre aspect du panorama électoral est la percée du Parti du travail de Belgique (PTB). Les dernières élections communales avaient donné 52 élus au PTB dans l’ensemble du pays (Liège, Charleroi, Seraing, etc). Les prochaines élections fédérales et régionales pourraient placer plusieurs élus du PTB dans chacun des parlements (fédéral et régionaux).
   
   Pour les partis de la bourgeoisie, l’objectif est de mieux se placer pour le jeu des chaises musicales qui suivra les élections, dans le but de constituer un gouvernement qui continuera l’attaque frontale aux acquis sociaux avec les mesures d’austérité. L'objectif principal du prochain gouvernement sera de concrétiser les accords obtenus lors de la 6e réforme de l’Etat, c'est-à-dire de profiter de la régionalisation pour faire avancer les plans d'austérité dans les régions.
   Pour la gauche, le débat a commencé plus tôt, car les syndicalistes de Charleroi l’ont interpellé sur la nécessité d’un « nouveau relais politique » et « la construction d'un Front de Gauche ». La constitution d’un comité de soutien, composé par des organisations de « la gauche », ouvrait cette possibilité, mais malheureusement, les dirigeants de la FGTB-Charleroi ne se sont jamais proposés d’impulser eux-mêmes une telle initiative, laissant cela aux organisations politiques. Ses représentants n'envisagent pas de prendre la direction de ce processus politique : « Nous nous occupons du syndical et vous du politique ». Nous ne sommes pas de cet avis et nous l’avons fait savoir et expliqué lors des réunions du comité du soutien à Charleroi ; nous avons proposé la constitution d’une liste ouvrière, avec le soutien des partis de la gauche. Nous croyons que les travailleurs eux-mêmes doivent prendre part active dans la politique et défendre un programme anticapitaliste pour faire face au patronat et son gouvernement. Nous continuerons à défendre cette position.
   
   Aujourd'hui, une certaine conception s'est installée dans l'ensemble de la gauche belge : l'idée qu'« un élu de la gauche sera bénéfique pour toute la gauche et pour les travailleurs ». Bien que nous dénoncions le parlement en tant qu’institution au service du patronat, nous ne sommes pas opposés à une participation au parlement. Ceci dit, du point de vue révolutionnaire, celle-ci doit être complètement subordonnée au développement des luttes en mettant tout en œuvre pour impulser l’auto-organisation des travailleurs eux-mêmes.
   On doit se poser la question de ce que feront les candidats, une fois élus. Seront-ils avec les travailleurs en lutte contre les plans d’austérité ou joueront-ils le jeu de faire croire qu’ils vont faire de la politique « autrement » ? Comment allons-nous les interpeller par rapport à leurs positions défendues au parlement ? Nous serons vigilants à exiger aux futurs députés du PTB-GO, de prendre une position de classe, de voter contre les mesures du gouvernement bourgeois et d’appuyer toutes les luttes des travailleurs dans une perspective de mobilisation et de construction du rapport du force.
   Pour beaucoup de travailleurs, le vote pour le PTB, c'est le vote sanction contre le PS et Ecolo. Nous sommes d'accord et nous invitons tous les travailleurs et toutes les personnes affectées par la crise à démontrer clairement par leur vote qu’ils sont contre les politiques appliquées par ce gouvernement depuis deux ans, et contre les partis de la coalition, que ce soit au niveau fédéral ou au régional. Nous soutiendrons ce vote sanction. Mais il nous faut préciser mieux notre position par rapport à cela.
   Depuis son « ouverture » en 2008, le PTB a une présence croissante dans l’appareil syndical, dirigeant plusieurs secteurs, mais ne mobilisant pas plus que ce que le mouvement lui impose. Fin 2013, ce parti a fait un accord préélectoral avec le Parti Communiste (PC) et la Ligue Communiste Révolutionnaires (LCR), pour ensuite présenter, le mois de janvier, la liste PTB-GO (pour Gauche d’Ouverture), avec la participation et le soutien de personnalités politiques, académiques et autres. Le PTB se propose comme l'alternative au PS. Mais nous ne voyons pas cette organisation comme une réelle alternative, car, lors d'un entretien pour la revue Ensemble, ce parti, par voix de Raoul Hedebouw, se reconnaît comme « un parti du courant social-démocrate, avec un vernis bien rouge ».[1]
   Cette affirmation pourrait être prise comme un mot d'humour, mais dans ce même entretien, le porte parole du PTB – qui oublie déjà le « GO » – explique que « le PTB n'exclut pas a priori une participation à un gouvernement ». Et il cite l'exemple de Borgerhout et revendique « les fronts populaires dans l'histoire du mouvement ouvrier européen ».
   Nous ne pouvons pas comprendre comment le PTB se propose donc d'être une alternative pour la classe ouvrière et les travailleurs, alors qu'il serait d'accord de gouverner avec le PS et autres Ecolo, justement ces partis de la bourgeoisie qui, à des niveaux de pouvoir différents, appliquent les politiques d’austérité et organisent les attaques contre notre classe. Le PTB va-t-il vraiment combattre ceux qui pourraient être ses possibles alliés ?
   Le PTB, comme parti, passe sous silence le programme de la FGTB-Charleroi et ne le revendique pas, comme si cette dynamique était insignifiante pour le mouvement ouvrier ou même pour construire une alternative contre le PS et Ecolo.

Notre consigne de vote

Nous appelons à défendre dans les élections, et aussi après les élections, le programme anticapitaliste de la FGTB-Charleroi. Nous appelons donc à voter, bien que de manière critique, pour les militants qui le défendent explicitement, comme ceux de la LCR sur les listes du PTB-GO. Il ne s'agit pas d'affirmer que nous n'avons pas de désaccords avec le PTB-GO ou la LCR. Comme nous l'avons dit plus haut, nous combattons cette politique de « relais politique » qui considère les travailleurs comme des acteurs passifs en politique, qui doivent « juste voter pour nous ».
   Une liste « Gauches Communes » se présente à Bruxelles, promue par le Parti socialiste de Lute (PSL) et le Parti Humaniste (PH), et nous ne nous opposons pas à leurs candidatures. Nous croyons que leur axe de campagne, contre l'austérité, est correct ; et leurs positions peuvent se retrouver dans le programme de la FGTB-Charleroi. Ces organisations participent également dans le comité de soutien de la FGTB-Charleroi et nous ne doutons pas de leur soutien à cette initiative. Nous espérons continuer les discussions avec ces camarades. Notre position est motivée par le fait que, pour ses élections, la défense et la diffusion du programme de la FGTB-Charleroi représente la position la plus progressiste parmi les travailleurs. Dans les organisations syndicales, il s'agit d'une réelle rupture avec la social-démocratie, malgré le fait que cette initiative soit encore marginale. Et il nous semble donc que la tâche de tous les révolutionnaires est de contribuer à sa construction et sa consolidation.
   Il nous semble important de défendre et de diffuser ce programme, d'utiliser l’espace électoral pour populariser ces propositions parmi les travailleurs et la population en générale, et d'organiser des meetings pour appeler à construire une alternative pour notre classe et ainsi préparer les luttes à venir, contre l’austérité.

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[1]    Moureaux-Hedebouw : la crise, l’Europe, les élections, Revue Ensemble ! – N°82 - Mars 2014, p. 6-9.