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Ligue Communiste des Travailleurs

Section belge de la Ligue Internationale des Travailleurs -
Quatrième Internationale (LIT-QI)

« L'émancipation des travailleurs sera l'œuvre des travailleurs eux-mêmes. » K. Marx

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mars 2013

La solidarité avec les plus démunis passe
par une solidarité entre travailleurs sociaux !

A plusieurs reprises, en 2007, 2010 et 2012, les assistants sociaux du CPAS de Schaerbeek ont fait grève pour dénoncer leurs mauvaises conditions de travail et les licenciements et exiger une plus grande représentation syndicale. Les assistants sociaux sont surchargés de travail et sont en contact quotidien avec des personnes précarisées qui en ont ras le bol des délais d’attente et du non-respect de leurs droits.

La situation au CPAS de Schaerbeek

Le mardi 20 novembre 2012, un ex-employé du CPAS de Schaerbeek est entré dans les locaux et a menacé de faire exploser une bombe amenée dans son sac (et inexistante, en fait). Il s’agit d’un travailleur au bout du rouleau qui est revenu hurler sa rage chez son ancien patron.i Un collègue de travail (qui souhaite rester anonyme) décrit bien, dans un commentaire sur internet, les circonstances et ce que signifie « être au bout » : « En étant dans ce système, je vous promets que la charge de travail est très dure. Ce n'est pas pour rien qu'après 3 ans, il revient régler ses comptes, car à la base, il cherchait à parler à un responsable. »
   Il faut savoir qu’au CPAS de Schaerbeek, chaque assistant social doit traiter environ 200 dossiers. Ces conditions de travail sont intenables, à tel point qu’on assiste à de nombreux départs et absences pour cause de maladie. Il y a quelques mois, la direction du CPAS a mis en place le logiciel Telepro dans le but d’assurer un suivi et une supervision des demandes adressées aux assistants sociaux via le call-center, fixant un délai pour répondre (7 jours pour les bénéficiaires du CPAS et 48 heures pour les professionnels extérieurs). Dans sa Note de politique générale pour le CPAS, sa présidente, Dominique Decoux (Ecolo), observe : « Ainsi, Télépro devrait avoir un impact positif sur les agendas des permanences sociales, car une demande traitée via ce processus aboutira souvent à libérer un rendez-vous en permanence sociale pour un autre usager. »ii Mais comment ces demandes sont-elles traitées ? Dans les faits, le logiciel Telepro contribue à augmenter la pression sur les assistants sociaux du CPAS, car après la constitution de leurs dossiers de demande d’aide, ils n’ont plus suffisamment de temps pour répondre dans les délais aux nombreux messages qui leur sont envoyés via ce logiciel. En outre, ce nouveau logiciel permet à l’assistant social en chef d'exercer plus facilement un contrôle sur ses subordonnés.
   Cette organisation du travail engendre un stress énorme pour les travailleurs du CPAS. Mais l’objectif de la présidente du CPAS n’est pas du tout de changer de cap. La plate forme de call-center, mise en place sous la présidence Ecolo pour « gérer » les demandes, est digne des grandes entreprises. Face à l’augmentation des demandes d’aide sociale, c’est une gestion managériale qui est préconisée. D’après la note déjà citée, ces demandes ont triplé ces 7 dernières années, un signe que la pauvreté augmente. Entre 2010 et 2011, Decoux annonce avoir embauché 32 assistants sociaux. Cependant, les conditions de travail ne se sont pas améliorées et, en plus, cela ne nous dit pas combien de travailleurs ont quitté le CPAS, de gré ou de force.
   Bref, face à une pauvreté grandissante dans la commune, la politique de la direction du CPAS est d’augmenter encore la pression sur les assistants sociaux via des logiciels comme Télépro, au lieu d’engager massivement des travailleurs pour faire un travail de qualité. Car même si les assistants sociaux n’ont pas le pouvoir de résoudre les problèmes de la pauvreté, ils peuvent souvent aider ces personnes en détresse, à condition de ne pas être eux-mêmes sous pression constante.

La lutte unitaire des assistants sociaux !

D'autres travailleurs sociaux en contact avec les assistants sociaux du CPAS sont souvent confrontés à des refus ou à un manque de suivi dans les dossiers. Mais les assistants sociaux du CPAS ne sont pas responsables de la charge de travail qui leur est imposée. Cela ne les amuse pas de laisser des dossiers en plan ni de ne pas répondre au téléphone ! Nous refusons la division créée entre les travailleurs sociaux d'autres répartitions et les assistants sociaux des CPAS. Pour nous, seule une lutte commune pour de meilleures conditions de travail dans les CPAS et contre les véritables causes de la pauvreté permettra d’améliorer les conditions de vie des plus fragilisés.
   Nous pensons également qu’il est indispensable de construire cette solidarité entre tous les assistants sociaux de tous les secteurs, entre ceux des CPAS et ceux de l’associatif, car plus nous serons nombreux et unis, plus nous aurons de poids pour faire pression sur la Commune et le gouvernement afin d’exiger des moyens supplémentaires pour l’ensemble du secteur social.
   Cette solidarité peut s’exprimer en informant les travailleurs sociaux extérieurs au CPAS des conditions de travail existantes à l’intérieur. En outre, les travailleurs des différents CPAS gagneraient en force, face à leurs directions respectives, en s’unissant dans leur combat pour de meilleures conditions de travail. Enfin les allocataires sociaux sont directement touchés par la dégradation des conditions de travail au CPAS et il est aussi nécessaire d’unir la lutte des comités de défense des CPAS et les travailleurs sociaux du CPAS et de l’associatif. Cela pourrait se faire en diffusant l’information par des tractages ainsi que des réunions pour réfléchir ensemble comment définir une stratégie de lutte.
   Contre le harcèlement aux AS :
Stop au programme Telepro !
Solidarité avec les travailleurs des CPAS !
Engagement d’assistants sociaux supplémentaires au CPAS !
Non aux plans d’austérité !
Non à la diminution des budgets sociaux !
Droit à une vie décente pour tous !
Droit à un emploi de qualité pour tous !
Les spéculateurs et les grands patrons sont responsables de la crise :
C’est à eux de la payer, pas aux travailleurs !