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Ligue Communiste des Travailleurs

Section belge de la Ligue Internationale des Travailleurs -
Quatrième Internationale (LIT-QI)

« L'émancipation des travailleurs sera l'œuvre des travailleurs eux-mêmes. » K. Marx

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8 mars 2015
Awa Touré, responsable des femmes et membre du secrétariat exécutif de la LPS
Falilou Wade, responsable et membre du secrétariat exécutif de la LPS

La femme au Sénégal

Nous dédions ce texte à toutes les femmes du Sénégal, de l’Afrique et du Monde entier qui souffrent du machisme, de l’exploitation par les hommes et de l’exploitation par le système capitaliste.
   Dans la marche des peuples, et l’évolution des nations, des ruptures et des révolutions ont toujours été opérées pour réaliser les progrès nécessaires à la promotion et au bien être des populations. Mais qu’en est-il du bien être de la femme ?
   Dans notre cher Sénégal, les femmes ont toujours été préoccupées par le sort que leur réserve la société. Une société qui a toujours relégué la femme au second plan. Ce fait culturel est considéré comme une pratique tout à fait naturelle par les hommes : que le rôle que doit jouer la femme est de s’occuper du foyer, des enfants et généralement de la famille. Et quand Karl Marx parle du travail gratuit des femmes dans le système capitaliste, c’est un fait réel que nous vivons dans notre pays aujourd’hui. La femme a pour rôle de préparer les repas pour la famille, de s'occuper du linge et d'entretenir la maison pour qu’elle reste toujours propre. Les femmes souffrent à l’intérieur des foyers, car elles sont chaque jour les premières à se lever au premier chant du coq et elles sont les dernières à se coucher dans la maison après avoir été toute la journée au service de l’homme à qui on donne le droit de chef de famille dans la maison.
   A l’intérieur du pays, la situation est beaucoup plus catastrophique encore, car il y a ce qu’on appelle le mariage précoce, où les filles sont données en mariage très tôt, à l’âge de douze à quinze ans, et en plus, de force, sans avoir à demander l’avis ou le consentement de la fille. Et après le mariage, c'est la femme qui est chargée de cultiver la terre dans certaines ethnies pour nourrir la famille. Les hommes, dans ces localités, se donnent le luxe d’épouser jusqu’à quatre femmes, et ces femmes sont comme des objets : après usage, elles ont le divorce et elles sont laissées à elles-mêmes, et le mari va chercher d’autres plus jeunes encore. Comme si la femme n’était qu’un objet que l'homme peut utiliser et jeter à la poubelle une fois qu’il n’en a plus besoin. C'est pourquoi, quand une fille se marie, on lui donne comme conseil que le mariage, c’est juste deux mois de noce et, tout le reste, une vie de galère continue.
   Si nous regardons la population du Sénégal, qui est de douze millions neuf cent mille habitants, les 51 % sont des femmes, et parmi ces femmes, seules 3 % sont dans la fonction publique. Et ces rares femmes qui ont reussi à avoir un travail continuent à subir des harcèlements sexuels et psychologiques de tout genre, et de cela, chaque jour la presse en fait ses choux gras. Celles qui arrivent à avoir le courage de dénoncer ces harcèlements sont en nombre insignifiant par rapport à celles qui se taisent par peur de perdre leur emploi. Dans la recherche de l’emploi, les femmes sont le plus souvent laissées en rade par les entreprises, qui emploient peu de femmes.
   La loi sur la parité a été votée au Sénégal en 2010 sous le règne du Président Wade. Cette loi était pour capter l’électorat des femmes, mais en réalité, elle n’est pas appliquée dans toute sa rigueur. Bien que dans toutes les élections aux Sénégal il faille présenter une liste paritaire - ce qui est la seule avancée dans cette loi- dans les bureaux et les institutions parlementaires du pays, comme l’Assemblée nationale et le Conseil économique et social, la parité n’est pas respectée. Dans ce bureau de l’Assemble ne figure qu'une seule femme,  comme 7eme vice-présidente de l’Assemblée.
   Sur le plan de la santé, dans certaines localités du pays, les femmes continuent à accoucher à la maison comme si on était au Moyen Age. C'est la raison pour laquelle la mortalité infantile est des plus élevée dans notre pays et les femmes continuent à perdre la vie en donnant la vie. Les infrastructures sanitaires coûtent cher et sont insuffisantes et, par conséquent, très éloignées de certains villages et donc pas fréquentées par toutes les populations qui y ont droit. Et dans les rares postes de santé en milieu rural, les infirmiers affectés refusent d’y aller, car ils disent que la zone est enclavée. Mais en réalité, ils vont exercer, en parallèle avec la fonction publique,  dans les cabinets et les infrastructures privés qui les offrent des contrats de prestations, ce qui leur donne deux salaires à chaque fin du mois.
   Sur le plan de l'éducation, les établissements scolaires sont insuffisants pour satisfaire toute la demande des enfants en âge de scolarisation. Et pour la scolarisation pour tous, qui est définie par la politique de l’Etat du Sénégal, il n’y a pas une politique de maintien des filles à l’école, ce qui fait que, parmi toutes les filles scolarisées, seule une minuscule partie ont la chance de poursuivre des études supérieures. Toutes les autres sont retirées très tôt de l’école, soit pour des raisons de mariage précoce, ou pour rester au foyer à aider leur maman qui ne peut à elle seule supporter les travaux ménagers qui sont excessifs.
   Si nous y regardons de plus près, tout cela est la conséquence néfaste du système capitaliste que nous a imposé le colonialisme. Du temps de la colonisation, c’est ce rôle exact que jouaient les femmes : bien entretenir les hommes qui étaient utilisés dans le travail de force comme la construction du chemin de fer, qui devait permettre de sortir les richesses de l’intérieur du pays et de toute l’Afrique occidentale vers le port de Dakar afin d’être embarquées dans les navires en direction de l’Europe. Aujourd’hui encore, le système capitaliste pousse non seulement les femmes  à continuer à faire ce travail gratuit, mais ces femmes sont aussi les travailleuses du secteur informel, un secteur en très grande progression du fait du taux de chômage grandissant et de la précarité du travail des hommes.
   Pour cette journée du 8 mars dédiée à la Femme, nous saisissons l’occasion pour dénoncer ces préjudices que subit la Femme, et pour dire :
  • -Non à l’exploitation de la femme
  • -Non au mariage précoce des filles
  • -Non à l’oppression sous toutes ces formes
  • -Non aux souffrances et humiliations faites aux femmes
Nous, femmes de la Ligue Populaire Sénégalaise (LPS), nous exigeons :
  • L’application des lois sur la parité dans toute sa rigueur
  • Définir une politique de maintien des filles à l’école
  • Respecter les droits de la Femme
  • Combattre le machisme et l’oppression sous toutes ses formes en votant des lois très sévères (viol, harcèlement, violence, etc.)
  • Une égalité des chances dans la recherche de travail
  • Droit de la Femme sur son corps (planification familiale)