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Ligue Communiste des Travailleurs

Section belge de la Ligue Internationale des Travailleurs -
Quatrième Internationale (LIT-QI)

« L'émancipation des travailleurs sera l'œuvre des travailleurs eux-mêmes. » K. Marx

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Ouvriers et étudiants, unis nous vaincronsNon seulement une rébellion estudiantine, une immense mobilisation ouvrière

L'idée répétée à maintes reprises par les « nouveaux réactionnaires » que Mai 68 a été une « révolution de fils de papa », oublie que les manifestations estudiantines ont été le détonateur d'une grève générale qui a duré deux mois et à laquelle 10 millions de travailleurs ont participé.
   Une grève générale que personne n'a convoquée ! Les syndicats ont seulement appelé à une journée de grève générale le 13 mai, mais les travailleurs ont continué pendant des semaines.
   On ne sait pas exactement combien de grévistes il y a eu pendant la semaine critique du 22 au 30 mai. Mais il est clair qu'ils ont été 4 millions pour continuer la grève pendant trois semaines, deux millions pendant tout un mois, sur un total de 15 millions de travailleurs.
   Ce n'était pas une grève traditionnelle : il y a eu de nombreuses tentatives de mettre en marche les usines par les travailleurs eux-mêmes, de changer toute la manière de travailler, de changer tout. De manière spontanée, la classe ouvrière française avait commencé la révolution prolétarienne et elle était disposée instinctivement à assumer le contrôle des moyens de production.

Le rôle de détonateur du mouvement estudiantin

S'il est vrai qu'on ne peut pas réduire les événements à la lutte estudiantine, il faut aussi admettre que ce sont les étudiants universitaires qui en ont été le détonateur.
   Mai 68 n'a pas été un éclair dans un ciel bleu. L'université était agitée depuis un certain temps, elle était mobilisée contre la politique éducative de de Gaulle, et la solidarité avec le Vietnam était à l'ordre du jour.
   Le 10 mai a été la nuit de la bataille des barricades dans le Quartier Latin. Transmise en direct par la radio, cette nuit a fait vibrer toute la France avec les étudiants. Il y a eu 367 hospitalisations, dont 251 étaient des policiers. Le lendemain, les syndicats ont appelé à la grève générale en solidarité avec les étudiants. Mais la « solidarité avec les étudiants » est devenue l'étincelle qui a incendié la prairie.

Le rôle du PCF

Comme dans tant de d'autres occasions, le Parti Communiste a désactivé une situation révolutionnaire qui aurait pu avoir un résultat favorable pour les travailleurs. Les dirigeants du PCF accusaient les « gauchistes » d'être des « agents de de Gaulle » et essayaient de canaliser le mouvement vers une simple grève de revendications, dans l'attente d'élections.
   Alors que, le 24 mai, de Gaulle avait annoncé un referendum et les gens lui scandaient qu'il s'en aille, le 30 mai, tout avait changé. La grève générale s'est effritée tout au long du mois de juin, jusqu'à ce que, lors des élections législatives des 23 et 30, les gaullistes aient gagné.

Un phénomène international

Le Mai français a aussi été la réfraction nationale d'un phénomène international. L'année précédente avait eu lieu la « révolution culturelle » chinoise et la mort du Che. L'année suivante, il y avait le Cordobazo argentin et « l'automne chaud » italien. Et il faut se rappeler que la même année du Mai français, il y a eu l'offensive du Tet au Vietnam et le « printemps de Prague » en Tchécoslovaquie. La révolution prolétaire dans les pays impérialistes, la lutte révolutionnaire anti-impérialiste dans les pays coloniaux et la révolution politique anti-bureaucratique, pour la démocratie ouvrière dans les Etats ouvriers, tendaient à être synchronisées.

Mai, bien sûr

On se demande qui falsifie davantage la signification des événements du Mai 68, si ce sont les partisans de Sarkozy qui veulent « les liquider » ou la gauche réformiste qui « les revendique ». De toute façon, les deux partagent une même vision :Mai 68 aurait été la fin de la révolution, la dernière flambée. Ils confondent la réalité avec leurs désirs ! Loin d'être enterré, Mai 68 continue à être un exemple et en même temps un avertissement. Parce qu'à cette époque-là aussi, il était à la mode dans la gauche de nier la possibilité elle-même de la révolu-tion. Alors, c'était à cause du plein emploi ou du consumérisme, et aujourd'hui, on y ajoute que la classe ouvrière est trop précaire pour combattre, ou même qu'elle n'existe pas ou qu'elle a perdu son caractère central dans la lutte sociale. Mai 68 a explosé, la réalité a démenti les analyses et pour un moment le pouvoir bourgeois avait l'air de disparaître. Sans doute, les théoriciens actuels du cynisme seront aussi démentis.

Ángel Carrique, militant du 
Partido Revolucionario de los Trabajadores - Izquierda Revolucionaria,
la section espagnole de la LIT-QI