logo-IV-LCT.jpg

Ligue Communiste des Travailleurs

Section belge de la Ligue Internationale des Travailleurs -
Quatrième Internationale (LIT-QI)

« L'émancipation des travailleurs sera l'œuvre des travailleurs eux-mêmes. » K. Marx

Newsletter

Lénine, avec Trotsky à ses côtés, lors de la prise du pouvoir par les sovietsIl y a 95 ans, le 7 novembre 1917 (le 25 octobre dans l’ancien calendrier), les travailleurs russes, dirigés par le parti bolchevique, ont pris le pouvoir.

La situation était désespérée en Russie. Au cours des trois premières années de la Première Guerre mondiale, il y a eu environ 2 millions de morts et 5 millions de blessés. Les travailleurs et les paysans pauvres enduraient une misère croissante dans les villes et les villages, et une surexploitation dans les usines et à la campagne, alors qu’un secteur important de nobles, de bourgeois et de propriétaires fonciers s’enrichissait avec l’industrie de guerre, la spéculation et la corruption.
   En février, un soulèvement ouvrier et populaire spontané avait renversé le tsar et avait imposé un gouvernement provisoire composé de bourgeois et de représentants des partis ouvriers.
   A la chaleur de la lutte sont réapparus les soviets d’ouvriers et de paysans, qui avaient leur origine dans la révolution de 1905 et qui représentaient un double pouvoir. Les soviets étaient composés de délégués élus dans les usines et les villages de paysans, et tous les partis actifs parmi les travailleurs y étaient représentés : les socialistes-révolutionnaires, les mencheviks, les bolcheviks, les anarchistes et même les partis bourgeois, à condition qu’il y avait des secteurs de travailleurs pour les soutenir.
   Le gouvernement provisoire ne donnait pas suite aux trois exigences principales de la révolution : la paix, le pain et la terre. La guerre continuait à semer la mort parmi les ouvriers et les paysans. La moitié des terres arables était toujours dans les mains de 30 000 propriétaires fonciers, et le reste devait nourrir 50 millions d’agriculteurs et leurs familles. La famine sévissait toujours dans les villes. C’est cette réalité qui donnait raison à la politique du parti bolchevique (dirigé par Lénine et Trotsky), et le 7 novembre, les soviets ont renversé le gouvernement provisoire et constitué un nouveau pouvoir.

La prise du pouvoir

Le pouvoir ouvrier

Le gouvernement d’ouvriers et de paysans, soutenu par les soviets, a immédiatement appelé toutes les nations belligérantes et leurs gouvernements à négocier une paix juste, démocratique, sans annexions ni indemnisations. L’Allemagne et l’Autriche-Hongrie ont accepté de négocier. La France, l’Angleterre et les Etats-Unis, alliés de la Russie jusque-là, ont menacé de déclarer la guerre à ce pays, à cause du fait de négocier une paix séparément. Six mois plus tard, et après avoir enduré une attaque allemande avec occupation de la Finlande, la Russie a signé la paix et les soldats sont rentrés chez eux.
   Le nouveau régime soviétique a exproprié les biens des propriétaires fonciers, des monastères, des églises, etc., et les a attribués aux soviets de paysans. Il a imposé le contrôle ouvrier dans les usines et a exproprié celles-ci l’année suivante.
   Il a promulgué la « Déclaration des droits des peuples de Russie », qui stipulait :
   1 - L’égalité et la souveraineté des peuples ;
   2 - Le droit des peuples à disposer de leur destin, y compris la séparation pour former des Etats indépendants ;
   3 - L’abolition de tous les privilèges nationaux et religieux.

La démocratie soviétique

   C’était les travailleurs, à travers leurs organisations, les soviets, qui avaient dans leurs mains les rênes de la société et qui administraient les usines et la justice. Les fonctionnaires occupaient leur poste pour un temps déterminé et leurs camarades avaient toute la liberté de les écarter. Ils avaient un salaire égal à celui d’un ouvrier qualifié. Alors qu’une dictature impitoyable était exercée sur les exploiteurs et leurs alliés des couches intermédiaires, les travailleurs jouissaient de la démocratie la plus large. Tous les partis et toutes les organisations reconnus par les soviets tenaient à leur disposition de l’encre et du papier pour imprimer leurs idées. La culture et l’art jouissaient d’une liberté et d’un développement sans précédent sous un autre régime. C’est ainsi que des artistes, comme la danseuse Isadora Duncan, s’approchaient de la Russie pour y développer leur art.
   La femme aussi conquérait sa liberté. Elle avait acquis l’égalité politique, syndicale et du travail. Elle commençait à être libérée du joug domestique. Le mariage civil et le divorce devenaient légaux. On commençait à mettre en place des crèches publiques, des cantines et des buanderies communautaires, etc., dans la mesure où les possibilités économiques du nouvel Etat le permettaient.

La longue nuit du stalinisme

Malgré les efforts des révolutionnaires qui, sous la direction de Lénine et de Trotsky, avaient fondé la IIIe Internationale comme organisation des travailleurs du monde pour vaincre l’impérialisme, la révolution européenne a échoué. Au cours des cinq années qui ont suivi le triomphe bolchevique de 1917, les révolutions allemande, italienne et hongroise ont été défaites. Le nouveau pouvoir ouvrier en Russie a enduré une guerre civile contre 14 armées, équipées par l’impérialisme. L’attaque a été mise en échec, mais au détriment de la vie des meilleurs cadres ouvriers.
   Tout cela a causé la fatigue et la démoralisation et a permis qu’un secteur de la société, originaire des couches privilégiées de la classe ouvrière, la bureaucratie dirigée par Staline, ait pu s’emparer progressivement des rênes du pouvoir. Les travailleurs ont été dépossédés de leur pouvoir politique. La démocratie ouvrière a été remplacée par un régime dictatorial de terreur et l’Etat ouvrier a dégénéré. Pour ce faire, il leur a fallu détruire l’ancien parti bolchevique en assassinant ses principaux dirigeants. La bureaucratie a commencé à s’octroyer des privilèges à partir de la gestion de l’Etat, et au cours des années, elle a détruit les grands acquis économiques qui restaient encore de la révolution.

La restauration capitaliste

Au milieu des années 1980, quand l’économie ouvrière avait déjà été détruite, la bureaucratie a commencé à promouvoir directement la restauration capitaliste.
   Les masses, ensemble avec celles des Etats de l’Europe de l’Est, se sont mises à affronter les gouvernements totalitaires qui leur refusaient les libertés et qui avaient, de surcroît, commencé à attaquer leur niveau de vie avec des plans restaurationnistes.
   Ces mobilisations ont mené à l’effondrement des régimes totalitaires en Russie et en Europe de l’Est. Mais elles n’ont pas pu inverser le processus de restauration, à cause de l’absence d’une direction révolutionnaire.
   Aujourd’hui, il y a en Russie un Etat capitaliste, avec son économie basée sur la production de marchandises et le profit, intégré dans le marché mondial par ses relations commerciales et sa participation aux institutions (FMI, OMC, BIRD). Et ce retour du capitalisme a apporté la prolifération du chômage, de la mendicité et de la prostitution, la destruction de la santé...
   Pour avoir une idée de ce que représente la restauration et les conséquences de l’application minutieuse des plans impérialistes, il suffit de voir que, de 1991 à 1997, l’espérance de vie en Russie est tombée de 64 à 58 ans.

L'InternationaleLa lutte pour la prise du pouvoir est toujours d’actualité

Contrairement à ce que disent des gens comme le sous-commandant Marcos – pour qui « il ne s’agit pas de prendre le pouvoir, mais de le construire » – ou des théoriciens comme Holloway – qui assure que « les travailleurs peuvent résoudre leurs problèmes sans prendre le pouvoir » –, la révolution russe démontre, à la fois positivement (avec les acquis de la révolution) et négativement (avec les conséquences de la restauration), que la seule solution aux problèmes fondamentaux que nous avons comme travailleurs réside dans la lutte pour le pouvoir et la construction d’une direction révolutionnaire mondiale pour étendre la révolution et vaincre définitivement l’impérialisme.
   A ceux qui nous disent que c’est une utopie, nous répondons que la révolution russe a montré que ce n’est pas vrai, et que par contre, c’est bel et bien une utopie réactionnaire de penser que nous pouvons résoudre les problèmes des travailleurs sans détruire l’impérialisme et les Etats bourgeois nationaux qui mettent en œuvre ses plans.
   L’autre chose que la révolution russe a montrée, c’est que pour s’emparer du pouvoir, il faut un parti, ouvrier, internationaliste, avec une grande démocratie interne, et hautement discipliné, qui se propose de mener cette lutte. Cet outil, nous ne l’avons pas aujourd’hui, et il n’y a donc pas de tâche plus importante que de le construire. Dans la LIT-QI et dans chacune de ses sections, nous nous mettons au service de cette tâche.

Alicia Sagra